Direction des recherches préhistoriques sous-marines1. J. Courtin, Co-Directeur scientifique
Les motifs justifiant le développement des recherches préhistoriques sous-marines, et l'intérêt que peuvent présenter ces travaux ont été exposés dans les précédentes chroniques par notre confrère E. Bonifay. Ces recherches ont débuté en Méditerranée en 1968, avec l'aide du B.R.A. « Archéonaute ». Les premiers résultats obtenus ont, d'ores et déjà, remis en question le schéma classique des variations du niveau marin à la fin du Wùrm et au Postglaciaire; l'hypothèse d'un niveau marin identique au zéro actuel et stabilisé depuis le Mésolithique et le Néolithique ancien est de plus en plus controversée. Les récentes découvertes de sites néolithiques et même protohistoriques (Age du Bronze) submergés dans les étangs littoraux du Languedoc laissent supposer au contraire des fluctuations beaucoup plus tardives qu'on ne l'admettait généralement jusqu'ici.
Manche
Fermanville. — Station du Paléolithique moyen du Cap Lévi. Signalé en 1970 par MM. Graindor et Scuvée, ce gisement se situe par des fonds de — 17 à — 20 m près du Gap Lévi2. D'une superficie encore inconnue à ce
jour, car recouvert d'une épaisseur de plus d'un mètre de sédiments probablement lagu- naires (tangue), et situé sur le rebord oriental d'une paléovallée submergée formant actuellement l'Anse de la Mondrée, il est partiellement détruit par un courant violent et intermittent passant par le Gap Lévi voisin et tombant d'un déversoir sous-marin. Ce courant crée une fosse au pied de la falaise est du Gap Lévi et, en érodant les sédiments, libère une grande quantité de silex taillés qui se trouvent ainsi doucement déposés sur le nouveau sol du fond de la fosse (fig. 1 et 2).
Une partie seulement de ces silex taillés a été ramassée, mais elle forme cependant un ensemble impressionnant de 2 554 pièces, toutes absolument fraîches, de grandes et moyennes dimensions. Ce ramassage a été effectué à l'intérieur d'une triangulation matérialisée par des cordages tendus entre des amers fixes et repérés. Une série de sondages courts ont été également prélevés par carottage dans les sédiments. Certains nucleus énormes, pesant parfois plus de 15 kg, ont amené MM. Graindor et Scuvée à rechercher l'origine de la matière première : celle-ci provient certainement des bancs du Crétacé dont l'existence - a été reconnue au large de la pointe granitique de Barfleur. Or, vers — 25 m puis vers — 35 m, le sol marin, partout en pente douce, présente
1. Informations rédigées par le Directeur de la Circonscription à partir de documents qui lui ont été fournis par les chercheurs.
2. Cf. Gallia Préhistoire, 16, 2, 1973. Graindor
et Scuvée, Deux niveaux marins submergés du Pleistocene dans le nord du massif armoricain. C. r. Académie des sciences, Paris, 1970.
Gallia Préhistoire, Tome 21, 1978, 2.
